Tournoi d’éloquence 2021

Tournoi d’éloquence 2021

Salle à gradins de l’Institut Notre-Dame de Jupille
Live sur Youtube

Vendredi 5 février 2021

Participants

Assia MOHAMED ALI

“Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté.”
(Alain)

Léa JOSKIN

“Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors.”
(Montaigne)

Hugo ANTOINE

“Cette culture débile du blabla, cette génération qui est fière de son manque de profondeur….”
(Philip Roth)

Sara AYAR

“Nous sommes peu à penser trop, trop à penser peu.”
(Françoise Sagan)

Héloïse ANTOINE

“La vie rétrécit ou s’étend proportionnellement à notre courage.”
(Anaïs Ninn)

Lisa BOLAND

“La richesse d’un homme se mesure au nombre de choses dont il peut se passer.”
(Henry D.Thoreau)

Souhail LAMI

“La misère : admirable et terrible dont les faibles sortent infâmes, dont les forts sortent sublimes. “
(Victor Hugo)

Clara BRUGGEN

“Une femme qui n’a pas peur des hommes leur fait peur.”
(Simone de Beauvoir)

Charly Hamers

“Je veux que la mort me trouve plantant des choux, mais nonchalant d’elle et encore plus de mon jardin imparfait.”
(Montaigne)

Léa LEONARD

“Je revendique le droit à l’ignorance.”
(Roland Barthes)

Palmarès

1er prix

Charly HAMERS

2ème prix

Héloïse ANTOINE

Prix spécial du public

Clara BRUGGEN

Bonsoir à tous, aujourd’hui j’existe, j’ai peur que la mort me trouve malheureux déçu ou frustré…

Chaque jour je cultive mon potager, je plante mes choux, je range ma chambre, un pas après l’autre dans cette éternel quête vide de sens …cherchant de manière superficielle à être un peu plus heureux…Juste assez pour pouvoir continuer à ranger ma chambre…je me vois couler fané, m’éteindre derrière mon regard qui ne peut rien voir d’autre qu’un éternel recommencement…Alors, nous allons ensemble nous poser cette question « pourquoi ? »

Tout d’abord, je pense avoir toujours eu peur de la mort, enfin je crois …la mort a toujours été associée à la souffrance dans la conscience collective…celle des autres…la sienne parfois …Cela dit, en y réfléchissant bien, on peut se rendre compte du fait que la mort n’est qu’une finalité, la dernière porte juste avant le néant …avoir peur de la mort c’est exactement comme avoir une frousse bleue de la fin d’un livre …de la dernière page, de la dernière lettre, Or, ce qui compte dans un livre n’est pas la fin, pas ce moment où vous le refermez pour aller faire autre chose, non le plus intéressant est l’histoire qu’il contient, toutes les intrigues, tous les rebondissements, en réalité ce qui nous angoisse, ce n’est pas la mort mais bien d’y arriver en ayant mal vécu… Ça paraît relativement idiot à dire mais la peur de la mort est une notion inconfortable parce qu’elle signifie que nous ne pourrons plus vivre après…Après tout la seule chose qui rend l’ombre effrayante est l’absence de lumière…

Alors…Tout à coup,… en y repensant on va se lever de son fauteuil pour qu’il se passe quelque chose…

« Ça y est, je suis en train de passer l’aspirateur, si la mort vient maintenant, au moins j’aurais été actif »malheureusement la maison va bien finir par être nettoyée…Zut, cela dit nous sommes sur la bonne voie …

J’ai discuté avec un ami en lui expliquant que je n’arrivais pas à me sentir moins vide, ma vie ne me plaît pas mais pourtant j’essaie de la rendre moins ennuyeuse, la sensation de liberté ne semble pas me combler …Alors il m’a proposé qu’on aille marcher…en réalité ce vide que je ressentais n’est pas le genre de vide qui se comble seul…j’ai donc compris que la véritable liberté n’était pas seulement de pouvoir ranger sa chambre comme on le veut …mais également de pouvoir en sortir et aller en ranger d’autres…j’ai une vie pénible certe comme beaucoup d’ailleurs ont une vie pénible… mais pour se sentir mieux, il est aussi important d’apprendre à mesurer et de savoir apprécier ce qu’on a déjà…j’ai également compris que ce vide qu’on ressent finit par être remplacé par des amis avec qui vous pourrez planter des choux ou ranger votre chambre ensemble, avec des amis ou plus si affinités c’est à vous de voir…

Plus sérieusement maintenant, nous n’en avons pas fini, il reste encore un problème à régler, en effet, un malaise toujours présent qui limite le bonheur … une sensation désagréable d’impuissance, pourtant ça y est,  je suis libre, je vis ma vie….Alors que se passe-t-il ?…Pour mieux comprendre ce phénomène, il a fallu que je retourne m’enfermer quelques temps dans ma chambre, il fallait que je me retrouve seul avec moi même et que je fasse un petit travail d’introspection…c’est en rangeant ma chambre une nouvelle fois que je suis retombé sur des souvenirs et que j’ai eu ce désagréable pincement mêlé à de la joie que l’on appelle la nostalgie … j’ai alors regardé vers l’horloge accrochée au mur de ma chambre et tout s’est éclairé ….j’ai compris que j’aurai beau me sentir libre, je ne pourrai jamais me libérer du temps qui passe …

Alors c’est terminé ?… on serait tenté de dire oui… Qui peut prétendre pouvoir contrôler le temps…Ça y est …éteignons notre cerveau, la limite est atteinte…

Et bien oui et non…, en regardant une émission de yoga, j’ai entendu une voix supposée me détendre dire « imaginez maintenant que le temps s’arrête…le vent ne souffle plus, l’eau ne coule plus, les oiseaux ont arrêté de chanter, la vie s’arrête …. », j’ai réalisé deux choses ce jour là, d’abord j’ai douloureusement appris que le yoga ne demande pas que de la concentration mais aussi beaucoup de souplesse ….et surtout que j’avais une impression négative du temps parce que j’en avais une vision incomplète et peu objective….il nous amène certes vers notre mort et il rythme nos vies, ce qui est assez déplaisant….mais sans lui, rien n’aurait de sens, nous n’évoluerions pas, plus rien ne serait sans cette indispensable quatrième dimension…

C’est pourquoi je vous propose de conclure par un célèbre proverbe américain qui dis ceci…« si tu aimes la vie, ne prodigue pas le temps car c’est l’étoffe dont elle est faite… »

Hier j’existais, mais aujourd’hui, je vais vivre et je prendrai le temps qu’il faut… la mort viendra peut-être me chercher pendant que je range ma chambre, que je plante mes choux mais ça n’aura plus aucune importance… Parce que mon jardin sera imparfait de tout ce que j’aurai vécu de plus merveilleux jusque là…

Merci de m’avoir écouté.

Charly HAMERS