Tournoi d’éloquence 2018

Tournoi d’éloquence 2018

Salle à gradins de l’Institut Notre-Dame de Jupille

Vendredi 2 février 2018

Participants

Sarah WIJNANDTS

“Il y a dans la jalousie plus d’amour-propre que d’amour” (F. de LA ROCHEFOUCAULD)

Laure DUCHESNE

“On ne tombe pas dans la solitude, parfois on y monte.” (H. THOMAS)

Faten AL JAMMAL

“Si tu cherches la personne qui va changer ta vie, regarde-toi dans un miroir.”

Kelly THEUNISSEN

“Etre dans le vent : une ambition de feuille morte” (G. THIBON)

Marie TROQUETTE

“La vie serait impossible si l’on se souvenait. Le tout est de choisir ce que l’on doit oublier.” (R. MARTIN du GARD)

Anissa FINNICH

“Créer, c’est vivre deux fois.” (A. CAMUS)

Gillian LAFUIE

“Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène.” (L. PASTEUR)

Marie ROSSETTO

“Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence.” (EURIPIDE)

Caroline STUDZINSKI

“Ce qu’il y a d’admirable dans le bonheur des autres, c’est qu’on y croit.” (M. PROUST)

Alice MICHAUX

“On mesure l’intelligence d’un homme à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter.” (E. KANT)

 

Palmarès

1er prix

Gillian LAFUIE

2ème prix

Kelly THEUNISSEN

Prix du public

Alice MICHAUX

Le texte de Gillian

Nous sommes tous soumis à des lois. Nous vivons grâce à elles et nous n’avons pas le choix. En effet, les sciences nous dictent comment nous vivons grâce à ces règles. Puis, quand nous voulons nous « échapper » de ces formalités, car nous sommes prisonniers des propriétés physiques qui nous entourent, alors, nous avons notre foi : la religion. Les deux font partie de notre vie. D’un côté car nous n’avons pas le choix, de l’autre par croyance personnelle.

Pourtant, ces deux protagonistes n’ont jamais su s’entendre historiquement. En effet, le scientifique Darwin gênait avec sa théorie sur l’évolutionnisme qui proposait que nous, hommes, descendions du singe. Les religieux, croyant à la théorie du créationnisme n’étaient pas d’accord car l’homme était créé à l’image de Dieu. Mais qui, de la science ou de la religion, détient la Vérité ?

Avant de se lancer, il faut savoir distinguer sciences et religion. La différenciation vous paraîtra simpliste. Et pourtant, elle est essentielle. La science a pour but d’expliquer l’univers, le monde dans lequel nous vivons, pour nous rapprocher de la Vérité. Elle répond à la question « comment ? ». Tandis que la religion, elle, répond à la question « pourquoi ? ». La question la plus fréquente, par exemple, pourquoi sommes-nous sur terre ?

Quand je dis religion, vous pensez Jésus de Nazareth, donc l’enfant de Dieu. Vous pensez également au divin, au tout puissant, au sacré. D’ailleurs, nous avons tendance à allier Dieu et religion. Ce qui n’est pas faux. Nous pouvons croire en Dieu et pratiquer la religion. Mais je peux également croire en Dieu comme étant une entité supérieure à nous, qui régit le monde, sans pour autant suivre les enseignements de la Bible, sans croire au Saint-Esprit, ou même, à la vie après la mort.

De son côté, la science ne peut apporter d’explication à tout. Beaucoup de questions restent sans réponses. Par exemple, comment se fait-il que l’évolution a permis à l’aboutissement de la possession la plus raffinée du vivant qu’est le cerveau humain ? Les matérialistes, ceux qui se réfèrent aux causes exclusivement matérielles, disent que c’est le hasard. C’est le hasard qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. C’est le hasard qui a donné vie aux lois physiques. Dès qu’une question pose problème et reste sans solution, la réponse sera « le hasard ».

Ce dernier, ce fameux hasard qui a réponse à tout, s’appelle également « Dieu des lacunes », et consiste à faire appel au divin pour expliquer le manque de théories scientifiques, par exemple, la création de l’univers.

Cependant, cette croyance en un Dieu des lacunes est erronée. Je m’explique : d’après la théorie d’Aristote, il y a plusieurs façons d’être une cause. Tout d’abord, il existe la cause matérielle (elle explique de quoi la chose est faite, ce sont les éléments qui la constitue). La cause efficiente quant à elle, explique par qui ou quoi la chose a été faite. Cette cause efficiente, les disciples d’Aristote l’appelleront « Dieu ».  Ces causes vont mettre à mal la théorie de ce Dieu des lacunes.

Prenons un voyage dans le temps par exemple. Imaginez que vous reveniez cent ans en arrière. Vous donnez votre téléphone à un citoyen et vous lui citez l’ingénieur qui a conçu cet appareil. Quelques jours plus tard, ce citoyen reviendra vers vous en vous affirmant que cet ingénieur dont vous lui aviez donné le nom n’existe pas. Par contre, il a analysé tous les composants du téléphone et sait comment il fonctionne.

Tout comme ce citoyen du siècle dernier, le savant athée croit qu’il peut nier la cause efficiente qui est Dieu parce qu’il a trouvé une théorie qui expliquerait la cause matérielle du début de la création de l’univers.

Ces matérialistes athées s’arrêtent donc à une limite des connaissances et ne vont pas plus loin car ils pensent déjà détenir certains savoirs qui ont été prouvés par la science et donc, une cause matérielle.

En outre, de nombreux savants ont suivi la doctrine de se limiter aux causes matérielles en négligeant les causes efficientes.

Lorsque Napoléon demanda à Laplace, un mathématicien et astrophysicien, pourquoi son traité de cosmologie ne mentionnait pas Dieu, Laplace lui répond « Dieu ? Je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. »

Ces savants comme Laplace, aux « petites connaissances » se sont arrêtés à mi-chemin, car ils ont omis l’hypothèse de Dieu. Cela se confirme grâce au contexte spatio-temporel : Laplace est issu des Lumières, ce siècle qui rejetait toute critique à l’égard de la religion car la raison s’est émancipée de la foi. Comme quoi, un peu de science éloigne de Dieu.

Néanmoins, ce n’est pas le cas de tous les savants de négliger l’hypothèse qu’un dieu serait, peut être, bel et bien réel.

D’ailleurs, Einstein disait « L’escalier de la science est l’échelle de Jacob, il ne s’achève qu’au pied de Dieu. » Évidemment, la science sert à beaucoup de choses, mais est-elle vraiment complète si nous n’arrivons pas à son aboutissement ? En omettant l’existence de Dieu ?

Afin de vous laisser digérer tout ce que vous venez d’encaisser, je vais vous simplifier la suite avec une image que vous connaissez tous.

Peut-être vous souvenez-vous de votre cours d’optique où la règle disait qu’un rayon de lumière se réfléchissant sur une surface selon un angle de réflexion égal à son angle d’incidence ? Peut-être l’avez-vous juste admis et que vous n’êtes pas allé plus loin, à savoir comment cela peut s’expliquer ?

Un indice : la trajectoire obtenue correspond comme par hasard à la plus courte possible.

Ce phénomène se nomme « principe de moindre action ». Lorsqu’il arrive quelque changement dans la Nature, la quantité d’Action employée pour ce changement est toujours la plus petite possible. En gros, la Nature a horreur du gaspillage et utilise donc une économie d’énergie.

Mais que se passerait-il si l’univers n’avait pas été fait comme nous le connaissons aujourd’hui ? Et si, par exemple, le paramètre de la gravité avait été changé, même de manière infime, serions-nous sur terre ?

Comment est-ce possible que la Nature ait cette capacité à économiser l’énergie de la sorte ? Comment est-ce possible que tout ait été calculé au détail près pour assurer la vie que nous menons ?

Y aurait-il une sorte de sagesse suprahumaine et métaphysique se trouvant dans la Nature ? Pour Spinoza, c’est le cas. Dieu est considéré comme au-delà de la nature. En fait, c’est bien plus que ça, Dieu EST la Nature elle-même. Comme quoi, beaucoup de science nous ramène à Dieu.

Au final, Louis Pasteur avait peut-être bien raison : un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène. Les savants trouvent des vérités scientifiques provisoires, des vérités qui sont réelles jusqu’à la prochaine expérimentation. En fait, la science et Dieu ne se font pas la guerre, ils cohabitent.

Avec un peu de science, nous sommes fiers, nous découvrons la rationalité, nous croyons déduire que tout s’explique par elle, nous avons la prétention d’affirmer que Dieu n’existe pas.

Avec beaucoup de science, nous avons appris à être modeste devant notre ignorance, devant tout ce qu’il nous reste à découvrir.

Nous devenons philosophe, nous avons passé le stade du pur rationalisme, nous pouvons croire en Dieu.