Tournoi d’éloquence 2022

Tournoi d’éloquence 2022

Salle à gradins de l’Institut Notre-Dame de Jupille
Live sur Youtube

Vendredi 11 février 2022

Participants

Helin SIMSEK

“Que de temps perdu à gagner du temps !”
(Paul Morand)

Talia LEJEUNE

“La science n’est pas plus qu’une tentative d’explication d’un miracle inexplicable et l’art une interprétation de ce miracle.”
((Ray Bradbury)

Edward FAIRON

“Celui qui en sait beaucoup sur les autres est peut-être instruit, mais celui qui se comprend lui-même est plus intelligent.”
(Lao Tseu)

Laura BONHOMME

“Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.”
(Antonio Gramsci)

Imane CHARCHOUR

“Le beau est toujours bizarre.”
(Charles Baudelaire)

Pauline BOUSSART

“Celui qui en sait beaucoup sur les autres est peut-être instruit, mais celui qui se comprend lui-même est plus intelligent.”
(Lao Tseu)

Imad MEZOUARI

“C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles.
(William Shakespeare)

Hugo ANTOINE

“J’aime les gens qui doutent.”
(Anne Sylvestre)

Amandine BERGER

“Mon premier réflexe est toujours de dire non.”
(Simone Veil)

Zoé CARNOL

“J’aime les gens qui doutent.”
(Anne Sylvestre)

Palmarès

1er prix

Hugo ANTOINE

2ème prix

Laura BONHOMME

Prix spécial du public

Hugo ANTOINE

« Je vais arriver sur scène et faire un salto arrière», telle était mon idée initiale pour cette entrée en matière. Mais après un très court temps d’hésitation, et un petit conseil de monsieur Mouchamps, je me suis raviser.

Cette fois ci, j’ai certainement bien fait de douter de mon idée

Au quotidien, je doute énormément.

Le matin dans la salle de bain, je doute.

De mon style vestimentaire qui laisserait, apparemment, à désirer

Ou encore mon look capillaire qui serait, selon certains, à remanier.

En prenant mon petit déjeuner, je doute

Les Chocapic sont-ils vraiment fort en chocolat ?

Malgré ce que je sais, devrais-je continuer à manger du Nutella ?

Sur le chemin de l’école, je doute.

Marcher dans l’herbe et risquer de salir mes nouvelles chaussures ?

Ou marcher sur la route au risque de me faire renverser par une voiture ?

A l’école, je doute.

De mes réponses à l’interro de math

Ou de l’utilité du cours de philosophie. Socrate, Platon, Aristote, Jean-Claude Vandam, Jeff Tuches,…  C’est à s’y perdre

Même le soir sous ma douche, je doute.

Est-ce vraiment une bonne idée de me verser la moitié du pot de savon dans l’oeil, « juste pour essayer » ?

Voici tout un tas de dilemmes que même Corneille ne saurait qualifier.

Et puis une fois dans mon lit je repense à cette journée d’hésitation et je réévalue toutes ces situations.

Bon, objectivement, cette chemise n’était pas si belle que ça. Et mes cheveux… non, mes cheveux sont bien comme ils sont… Enfin je crois…

Finalement j’ai marché sur la route. Résultat, mes chaussures n’ont pas une seule égratignure, contrairement à la voiture qui est rentrée dans un lampadaire pour éviter de m’écraser.

Et enfin, mes yeux n’ont pas trop apprécié le savon, mais l’expérience en valait la peine.

Satisfait par ces réponses je sombre dans une sommeil doux et réparateur.

Mesdames et messieurs, bonsoir. Aujourd’hui sur scène je doute, mais rapidement, je me satisfais par des réponses courtes et superficielles.

Je me pose alors cette question : « Est-ce vraiment une si bonne chose de satisfaire aussi rapidement tout ces questionnement? »

Pour vous possiblement, pour moi probablement. Mais une chose est sure, pour Socrate, pour le grand Socrate, absolument pas. Finalement ce cours de philo va peut-être s’avérer utile.

Je m’en souviens, j’y ai appris cette maxime du père de la philosophie : « Je sais que je ne sais rien »

Ainsi raisonnait le grand Socrate. Il se décrivait lui-même comme un ignorant et cherchait à découvrir le monde et à comprendre le raisonnement des hommes.

Il était incontestablement l’un des athéniens les plus érudit de son temps et pourtant sa force était justement cette incrédulité voulue qui le forçait à toujours plus pousser ses recherches dans la compréhension des choses.

Ce mode de penser, cette philosophie de vie pour ainsi dire, appartient au courant du relativisme. Les pratiquant de ce dernier affirment qu’il est impossible d’avoir ne serait-ce qu’un soupçon de certitude en ce qui concerne le monde.

Concrètement, il invite à vivre dans un constant doute indubitable. Oui, c’est cela ! Un doute indubitable ! Selon les relativistes, il ne faudrait plus avoir de doutes que, justement, il faille douter de tout, tout le temps et partout.

Ainsi Socrate, le grand Socrate, invitait les gens à tout remettre en question. Il dérangeait leurs esprits dans le but de leur faire découvrir, voir redécouvrir, le monde qui les entoure.

Ça y est… Je suis perdu ! Je ne sais plus qui écouter : mon coeur ou le grand Socrate

Ma petite raison d’adolescent qui découvre la vie ou les dires de l’un des plus grands penseurs que cette terre n’ai jamais connu?

Bonne question…

Ah mince, me revoilà en train de douter… J’ai comme l’impression de tourner en rond.

Mais, est-ce vraiment une mauvaise chose au final?

En effet, si on part du principe que tout est juste, que tout vrai, que tout est connus, on n’apprend plus rien, on ne fait plus de découvertes.

Si l’homme s’était contenté d’apprivoiser le feu, pensez-vous qu’aujourd’hui nous jouerions avec des Bitcoins et des NFT’s.

Si Einstein avait pris la science comme acquis, pensez-vous que nous éluciderions un jour le mystère de l’univers?

Si l’homme s’était limité à fouler chacun des 6 continents de sa Terre plate, Non je n’ai pas peur de m’en prendre aux platistes ! aurions-nous un jour marché sur la lune?

Si Victor Hugo s’était satisfait de ses lectures d’enfances, aurait-il jamais écrit tout ces chefs-d’oeuvre?

Douter de l’efficacité et de la pertinence de telle ou telle chose, n’est-ce pas là, la source de l’innovation et du progrès?

Et à coté de cela, que penser de ces gens qui ne doutent pas?

Existe-t-il une possible omniscience? Le satané « Monsieur Je-Sais-Tout » est-il de ce monde?

Mais être constamment sur de tout, penser tout connaitre, ne serait-ce pas se tromper en réalité?

Ça y est ! Je trouve enfin du sens. Le doute me submerge mais paradoxalement, les réflexions m’envahissent.

Ce n’est pas le moment de s’arrêter, plongeons encore plus profondément dans cette obscure claire-voyance.

N’ayons pas peur, doutons de l’existence-même. Attaquons-nous à ces grandes questions métaphysiques !

Qui suis-je? Où suis-je? Qu’est-ce que l’univers? D’où provient la matière? Quel est le sens de la vie? Comment diable puis-je être conscient de ma propre conscience ?!

Wow ! Je pense que je me vais calmer. Mais vous aurez compris l’idée.

Lorsque le doute est permis, les ardeurs se réveillent et les esprits s’embrasent.

Les possibilités sont infinies car plus rien n’est limité, plus rien n’est encadré par des connaissances formelles et immuables.

Mais prenons garde de ne pas nous égarer, au risque de ne plus croire en rien, et de devenir parano, voir totalement fou !

Finalement, douter ce n’est pas si mal. C’est peut-être même une bonne chose. Mais comme toutes bonnes choses, le doute est à utiliser avec parcimonie.

Il faut se méfier, oui c’est vrai, mais se méfier intelligemment !

Il faut s’interroger, oui c’est vrai, mais s’interroger consciencieusement !

Il faut douter, oui c’est cela, mais il faut douter correctement !

Le doute n’est pas une finalité, c’est un cheminement vers une version plus élaborée de nous-même. C’est une sorte de quête qui débouche sur un monde meilleur, plus évolué, plus réfléchis en réalité.

Si l’Eau est eau, si la Terre est terre, si le Ciel est ciel, alors qu’est ce que la K-Pop?! C’est en se posant cette question, et uniquement en se la posant que, sur son lit de mort, un vieillard se trouvera satisfait et accueillera la mort sans remord.

Alors je vous le demande, si vous m’ôtez le doute, quelle certitude me reste-t-il?

Hugo ANTOINE